Histoire et activités du Field Day
Réflexions sur l’histoire, la signification, et les activités
du Field Day
Mise en situation
Pour bien des radioamateurs, Field Day est un terme qui appartient en exclusivité au monde du radioamateurisme. Eh bien, ce n’est pas tout à fait vrai ! Il signifie beaucoup plus et s’applique à plusieurs autres champs d’activité. Le terme possède d’abord un sens général qui signifie “un jour passé dans les champs à l’occasion d’une circonstance particulière de nature à susciter l’engouement”. Voilà la description sommaire et générale qu’en fait Internet !
Le texte qui suit ne vous apprendra sans doute pas beaucoup au sujet du Field Day dans le contexte radioamateur. Néanmoins, il pourrait avoir pour effet de stimuler l’imagination, en vue de la tenue moins classique d’un Field Day, et donner des suites dont nous pourrions tous bénéficier à titre de radioamateur ou de club radioamateur.
Origine du terme Field Day
L’utilisation du terme Field Day prend naissance en 1747 à l’occasion de manœuvres militaires. Scheme Equipment Men of War en fait mention à ce moment-là comme un événement périodique, où des manœuvres avaient lieu dans le but d’améliorer la bravoure et la détermination de chacun. Le fait de manger, de boire ensemble et de mesurer leurs habiletés militaires étaient bénéfiques à cet effet.
La référence au terme Field Day dans un sens véritablement militaire est observée dans le journal Edinburgh Advertiser en mai 1776 : Les officiers, lors des manoeuvres d’un Field Day, doivent adopter un ton conciliant coopératif envers les soldats au lieu d’utiliser le ton habituel du commandement.
Le terme Field Day est utilisé régulièrement dans sa signification militaire durant le reste du 18e siècle. Au 19e, il déborde de son sens militaire et s’attache à n’importe quel événement tenu dans un champ.
En 1823 on l’adaptera à des activités de chasse, pour en souligner le succès par des danses en plein air (Lord Byron 1823). En 1878, le terme sera associé à des expéditions scientifiques de recherche sur le terrain. “We had a delightful field day in the abbey” écrivait Sir George Gilbert.
Avec le temps, le terme a commencé aussi à être utilisé pour plusieurs événements récréatifs ou compétitifs tenus en plein air, comme en fait foi des lettres de Thomas Creevey en 1827 : “Saturday was a considerable field day in Arlington Street”
Finalement, le 8 décembre 1969, Aldous Huxley, en parlant de grands événements utilisait le mot “field” dans une de ses lettres : “Industrial agriculture is having a field day in the million acres of barren plain now irrigated”.
Qu’est-ce qu’un Field Day chez les radioamateurs
Nous avons tous une bonne idée de ce qu’est un Field Day. Nous savons qu’il est un exercice annuel ou biannuel largement encouragé par l’IARU (International Amateur Radio Union). Cette dernière invite les régions et les organisations radioamateures à organiser une journée en plein air dans un but principal de familiarisation avec les communications en cas d’urgence. Le Field Day est le plus grand exercice du genre aux Etats-Unis où plus de 35 000 radioamateurs y participent chaque année.
Depuis le premier Field Day de l’ARRL en 1933, les radioamateurs partout en Amérique du Nord ont cherché à se familiariser avec le déploiement rapide d’équipement de communication radio dans des environnements variant de l’opération sous la tente dans des régions éloignées et difficiles d’accès à celle tenue dans des chalets ou autres lieux abrités, ou même dans des endroits plus près de l’activité urbaine où des espaces sont souvent réservés aux opérations d’urgence comme telles.
Les opérations, sans la disponibilité de la ressource énergétique habituelle qu’est l’électricité, et en l’absence de moyens de communications autres que le lien radioamateur sont fortement placées à l’avant scène des activités d’un Field Day. Nous savons tous très bien qu’en cas de désastres naturels ou de sinistres, les premiers services affectés sont l’alimentation électrique et le réseau habituel des communications.
Pour mesurer l’efficacité des exercices de communication, il est d’usage d’organiser une forme de concours où non seulement l’habileté des participants au Field Day est mise à l’épreuve, mais aussi la qualité des installations et le rendement des équipements. Des points sont alloués en conséquence. La présence continue sur l’air, pendant une ou deux journées est exigeante pour les participants qui doivent aussi savoir se soumettre aux aléas de l’imprévu. Des points supplémentaires seront attribués à ceux qui réussissent des expériences non habituelles comme des contacts via un satellite. Savoir impliquer des jeunes, de jeunes scouts par exemple, à une des activités peut aussi être récompensé par des points en sus.
Chacun fait de son mieux et pousse à la limite la capacité de son transcepteur. Tout cela se déroule dans la bonne humeur et au milieu de plaisanteries et de rires dont l’effet ne peut qu’être bénéfique à la qualité du travail du groupe. Il faut faire aussi bien sinon mieux que son compagnon mais toujours en gardant le sourire… Une saine émulation quoi !
Se préparer à l’urgence
Le Field Day n’est pas qu’une simple compétition permettant de juger de la performance ou de l’habileté d’un amateur de même que de la puissance de son équipement. Cette réalité, stimulante en elle-même, explique en partie la popularité du Field Day. Mais cet événement revêt aussi plusieurs autres aspects positifs dont le dévoilement n’est possible qu’en groupe, là où le partage des rôles et des fonctions est inévitable. Si plusieurs n’y voient essentiellement qu’une compétition, d’autres s’attacheront plutôt à faire la démonstration de leur habileté et de leur capacité à répondre à des appels d’urgence ou à organiser la vie en groupe.
Le Field Day met en évidence l’importance d’être prêt à affronter des situations d’urgence. Des clubs radios n’hésitent pas à s’impliquer et à mettre une station complète en place sur les lieux d’un sinistre ou à proximité dans le but de porter assistance aux forces de sécurité de l’endroit. Le lieu importe peu : à la ville, dans un champ, en forêt ou à la montagne. Pendant que certains voient à l’installation des antennes, d’autres s’assurent du branchement des radios transcepteurs et des moyens d’approvisionnement en électricité : batteries, générateurs ou même énergie solaire. Une autre équipe verra à l’érection des tentes et à l’aménagement d’autres lieux pour recevoir les équipements et s’assurer de la qualité de l’intendance.
Les activités compétitives
L’aspect concours consiste principalement à établir le contact avec autant de stations que possible dans une période de temps déterminée afin de procéder à des échanges d’informations pertinentes.
Cette forme de compétition poursuit deux buts. Le premier consiste à faire la démonstration de la capacité du groupe à planifier des opérations et à demeurer efficace de façon continue sur de longues périodes, vingt-quatre heures par exemple. Le deuxième but est à l’effet de mettre en évidence la qualité de l’installation de la station souvent mise en place à la hâte. Théoriquement, une station mobile d’urgence devrait être capable d’opérer dans les pires conditions et réaliser un nombre important de contacts.
Le Field Day aujourd’hui
À notre époque où téléphones cellulaires, avertisseurs et radios de communication de toutes sortes sont devenus omniprésents, on serait porté à croire, qu’à eux seuls, ils suffisent à palier à tous nos besoins de communication et, qu’en conséquence, des substituts ne sont plus nécessaires.
Mais ce serait sans tenir compte du nombre croissant de perturbations majeures climatiques et naturelles propres à notre temps, allant parfois jusqu’à la catastrophe et pouvant causer la défaillance des moyens de communication habituels. C’est ici que le radioamateur peut jouer un rôle important, parfois déterminant, pour la sécurité des personnes et des biens. Pour le radioamateur se préparer à jouer ce rôle est un des objectifs majeurs du Field Day. En combinant l’aspect social d’une activité à celui de son efficacité organisationnelle, le Field Day devient un élément formateur de la vie en groupe non seulement pour parer aux choses urgentes, mais aussi pour assurer le bon fonctionnement des tâches routinières et de soutien.
Le Field Day est aussi l’occasion de se livrer à plusieurs activités de loisirs (par exemple le camping) qui, quand on y réfléchit bien, recèlent un certain cousinage avec celles donnant sur le sauvetage en urgence et les conditions parfois précaires qui s’y rattachent.
Le Field Day est une occasion excellente de faire valoir les possibilités du radioamateurisme aux élus des différents niveaux de gouvernement, aux chefs de départements, à toutes les personnes clés susceptibles de voir dans la communication radio un élément utile et même essentiel pour mener à bien une mission urgente de sauvetage.
Le Field Day, tenu dans un lieu public, peut devenir un moyen de publicité efficace pour faire connaître le radioamateurisme. Mais encore faut-il que tout se déroule bien sachant que la publicité peut aller dans les deux sens, bon ou mauvais… Alors attention !
Il était une fois un Field Day facilement accessible au grand public… (Le texte ci-dessous est inspiré du déroulement d’un Field Day tenu en Australie en 2006) Quelque part dans un parc public urbain, un club radioamateur procède à la tenue d’un Field Day dans le but de faire la promotion du radioamateurisme et de sensibiliser la population aux services qu’il peut rendre en cas d’urgence… Tenir un événement de cette nature en milieu public nécessite une préparation particulière. Plusieurs semaines avant le début du Field Day, on pensera à former une équipe de plusieurs personnes compétentes qui devront être prêtes à consacrer plusieurs heures de leurs loisirs à la réflexion, à la discussion et à la planification de cette activité majeure. En public, l’erreur n’est pas permise. Chacun se verra attribuer un rôle fonctionnel précis. De plus, tous devront s’approprier quelques bonnes notions de pédagogie et de relations publiques pour bien informer les visiteurs. Et faire bonne impression ! Ils seront nombreux ces jeunes et moins jeunes à poser des questions sur le comment et le pourquoi de la communication sans fil. Le montage de la station débute tôt le matin et implique une équipe d’une dizaine de personnes. La tâche n’est pas trop ardue, même si la pluie et le vent décident d’imposer leur présence. L’installation d’une tente annexée à un véhicule de type caravane ne prend pas trop de temps, mais on s’en doute bien, pourrait laisser les installateurs trempés en dépit de leurs vêtements contre la pluie ! Une antenne HF verticale est érigée suffisamment loin de l’espace réservée au public de manière à ce que personne ne puisse être exposée au danger des émissions RF à trop courte distance. L’antenne est retenue au sol au moyen de câbles et d’attaches très visibles comme l’exige le code de sécurité radioamateur et sans doute celui de la protection civile de la ville d’accueil. La complexité de l’opération « mise à la terre » de l’antenne HF est soumise aux conditions du sol. Si elles sont favorables, l’opération se fera en douceur et l’efficacité sera au rendez-vous. Le ROS pourra alors être facilement maintenu bas, au-delà des exigences d’une bonne émission sur l’ensemble des bandes. Vient ensuite l’installation des antennes de 2 mètres et de 70 centimètres. À celles-ci, pourrait s’ajouter, de façon expérimentale, une autre de fabrication domestique (home brew) de type « colinear » par exemple. On procède ensuite à l’installation et à la vérification des émetteurs que l’on alimentera à l’énergie solaire. Et comme le public apprécie toujours la présence d’images comme éléments démonstrateurs et explicatifs d’une activité, on terminera la mise en place de la station par l’installation d’un système de télévision radioamateur (ATV). Voilà, tout y est. La démonstration du savoir-faire radioamateur peut commencer! Les premiers visiteurs pourraient bien être des gens des services publics, notamment des domaines ambulancier, policier, pompier et sécurité en général. Gageons que l’un et l’autre sauront apprécier les installations qui s’offrent à eux, sensibilisés qu’ils sont déjà à la communication d’urgence. Ils pourraient même en être impressionnés et commencer à réfléchir aux moyens à prendre pour mieux intégrer le radioamateurisme à leurs propres services. Il faut le souhaiter! Et par la suite il serait tout à fait dans l’ordre des choses de voir arriver des représentants radioamateurs des régions voisines et même plus éloignées. Ceux-ci pourraient avoir pour objectif de mieux connaître les activités spécifiques du club exposant et d’évaluer l‘efficacité et le taux d’utilisation des différentes bandes d’ondes, HF, VHF, UHF, EHF, analogiques ou numériques, ce qui comprend bien sûr D-STAR. Et puis c’est le grand public, curieux, intéressé, motivé ! Les personnes les plus hardies se risqueront à poser des questions. Comment un radio fonctionne-t-il ? Quel en est le prix ? Comment communiquer avec quelqu’un en particulier ? Pourquoi tel type d’antenne plutôt qu’un autre ? Qu’entend-t-on par longueur d’onde? Le radioamateurisme est-il encore utile de nos jours ? Comment devient-on radioamateur ? La connaissance du code Morse est-il encore une exigence pour devenir radioamateur ? etc… etc… etc… Bref, voilà une période de rencontres et de questions/ réponses tout à fait propice au recrutement ! Bien sûr, les organisateurs du Field Day auront prévenu les représentants des pouvoirs publics de tous les niveaux de gouvernement de la tenue du Field Day et les auront invités à venir voir les installations sur le terrain. Certains représentants auront accepté de venir à la station et de s’adresser aux organisateurs et peut-être même de prendre la parole devant le public présent. C’est sans doute en présence de ces représentants qu’il importera de faire la démonstration de l’utilité de la communication radioamateure dans les conditions (simulées) les plus précaires. Voilà un moment des plus favorables pour faire la promotion du radioamateurisme comme organisation utile à la communauté locale et régionale. |
J’admets que le scénario ci-dessus est quelque peu idéaliste pour quelques uns des nôtres. Il n’en est pas moins réaliste et réalisable. À notre époque où le nombre de radioamateurs est à la baisse, où la relève n’est plus assurée, il est important de saisir toutes les occasions de stimuler l’intérêt de la population pour le radioamateurisme, favorisant ainsi la venue de nouveaux candidats et l’accroissement des effectifs de nos clubs radioamateurs.
Il faut savoir dire clairement, en toute occasion, ce que nous sommes et faire la démonstration de ce que nous pouvons faire pour notre population et nos services de sécurité locaux. Le type de Field Day que je viens de décrire est tout à cet effet.
Claude Lalande
VE2LCF
Sites visités
http://en.wikipedia.org/wiki/Field_Day_(amateur_radio)
http://en.wikipedia.org/wiki/Field_day_(agriculture)
http://www.phrases.org.uk/meanings/136150.html
http://en.wikipedia.org/wiki/Clubs
http://en.wikipedia.org/wiki/Radio_masts_and_towers
http://en.wikipedia.org/wiki/Antenna
http://en.wikipedia.org/wiki/Generators
http://en.wikipedia.org/wiki/Solar_power