L’avenir du radioamateurisme
L’avenir du radioamateurisme : meilleures connaissances techniques, restructuration des organisations, innovations et leadership.
Comme plusieurs le savent probablement, j’utilise une bonne partie de mes loisirs à traduire des textes pour Radio Amateur du Canada (RAC). On peut retrouver ces traductions sur le site de RAC sous forme de textes de base ou de compte rendu d’activités, de réunions du Conseil d’administration de RAC ou de son Exécutif. Ce travail, que j’accomplis bénévolement avec grand plaisir, me permet de mieux comprendre la signification du radioamateurisme et de m’approprier bon nombre de connaissances de nature à me faire aimer ce hobby aussi original que fascinant. Parmi ma récolte de connaissances il y a celles qui s’attachent à la survie et au développement du radioamateurisme. C’est ce dont je désire vous entretenir au cours de cet écrit résultant d’une combinaison traduction / réflexions personnelles. Le texte de référence principal est redevable à Volker Grassmann, DF5AI.
Un avenir incertain.
Le radioamateurisme est un peu le reflet de notre société. Nous éprouvons cet étrange sentiment de non préparation à relever plusieurs défis. Nous, à titre d’amateurs, sommes conscients de la nécessité de changer un certain nombre de choses, objectifs ou manières de faire pour que survive notre hobby. Mais quoi ? Le radioamateurisme que nous vivons est figé. On fait des ajustements à la pièce pour survivre. Le radioamateurisme n’offre plus de défi sur le plan intellectuel et social et son fonctionnement serait devenu égocentrique et individuel, tant chez les personnes que chez des groupes sous forme d’égoïsme collectif. Qui se préoccupe de la philosophie radioamateure qui prévalait chez les fondateurs du mouvement. Et pourtant muni de la pensée sociale des fondateurs, les moyens voués à la promotion du radioamateurisme doivent se moderniser et se projeter dans l’avenir, à l’opposé de toute forme d’égoïsme, dans un cadre de collectivité et à l’épreuve du « chacun pour soi ».
Rechercher des moyens de survivre de façon traditionnelle est devenu une erreur. Le déclin du nombre de nouveaux radioamateurs est probablement la plus grande menace à laquelle est confronté l’avenir du radioamateurisme. Plusieurs amateurs, en conséquence – et c’est normal – s’attacheront à intensifier l’usage des activités et des initiatives de toujours dans le but de contrer rapidement une situation qui se détériore. Hélas, c’est là une erreur. Nous ne pouvons faire la promotion du radioamateurisme en nous basant sur des approches idéologiques datant des années 1970 ou même 1980. Ces approches seront, maintenant et pour un avenir prévisible, incapables de stimuler l’intérêt des jeunes (et même des plus âgés) envers la radio amateur. Les façons de faire d’il y a trente ans nous orientent dans la mauvaise direction.
Améliorer les connaissances techniques.
L’excellence dans toutes les disciplines de la radio, incluant l’innovation, les études théoriques, la coopération avec des professionnels et les corps publics, etc, sont parmi les objectifs les plus valables. Si vous êtes un radioamateur dans toute la force du mot, de tels objectifs ne peuvent vous apparaître trop ambitieux. Ainsi équipé de connaissances solides dans autant de domaines, le radioamateur pourra s’imposer plus facilement dans plusieurs volets de la vie sociale là où l’aide à la communauté est le plus souhaité. Pour ma part je ne passe pas une semaine sans faire la lecture d’au moins un texte portant sur des sujets comme les antennes, l’électronique de base, le numérique et les communications électroniques.
Savoir questionner la qualité de nos organisations.
Mais, les problèmes sont davantage liés aux organisations. Il est important de réaliser et d’accepter que la majorité des problèmes n’affecte pas directement le radioamateurisme mais plutôt les organisations et organismes. Plusieurs d’entre eux sont mus par une forme d’égocentrisme.
Au cours des dernières années, les radioamateurs ont pu profiter de plusieurs innovations technologiques importantes propres à rendre les opérations plus efficaces. Les radioamateurs en sont fiers. Mais surprise : le côté moins glorieux de la présence de ces innovations est une forme de compétition « malsaine » entre organisations. La plupart des améliorations sont le fait de radioamateurs seuls opérant hors du cadre organisationnel formel. Ainsi plusieurs organisations ou organismes ou clubs ne profitent pas de la mise en action de nouvelles techniques et technologies. Plusieurs organisations ne sont plus à niveau. Elles intéressent moins les radioamateurs modernes qui fonctionnent de plus en plus individuellement ou en petit groupe. Pourquoi, parce que les organisations ont perdu leur convivialité et leur pouvoir d’attraction. Les amateurs les plus compétents et motivés préfèrent opérer seuls ou en petits groupes. La « crise » des organisations n’a pas encore affecté le radioamateurisme comme tel, ce qui tend à démontrer que ce dernier est encore assez stable et fort pour se reprendre en main. L’un et l’autre en symbiose (organisations et nouvelle génération de radioamateurs), devraient donner des résultats positifs dont les deux parties bénéficieront. Les organisations radioamateures changeront lorsqu’elles atteindront leur masse critique en deçà de laquelle leur survie ne sera plus possible. Espérons qu’il ne sera pas trop tard. Il faut que les organisations et les clubs vivent le dialogue et le partage. Ils doivent éviter la personnalisation des différends.
Nous n’avons rien à gagner à critiquer indûment ou à blâmer les organisations et les personnes qui y travaillent directement ou indirectement. Encore plus important, nous ne devons manifester notre frustration et ainsi démoraliser ces personnes qui malgré tout défendent la cause radioamateure même si nous sommes en désaccord avec les objectifs et les moyens utilisés. Nous sommes tous des amis et des collègues qui avons à coeur le radioamateurisme. Plusieurs d’entre nous sont pleinement conscients des problèmes et des obstacles qui affectent leurs organisations mais ne peuvent trouver les bons outils pour en changer les structures. Ces personnes travaillent dans des conditions difficiles. Ils méritent le soutien de la communauté radioamateure.
Leadership et place aux idées nouvelles
Simplement maintenir en fonctionnement le radioamateurisme n’est pas un véritable objectif. Le développer l’est. Il nous faut lucidement abandonner une façon de faire qui visiblement et malheureusement aujourd’hui ne donne que peu de résultats. Nous devons revoir nos forces et redéfinir nos moyens. À cette fin, nous avons le devoir de nous donner des buts, des objectifs et des défis ambitieux. Au cours des dernières années, ils ont été souvent peu stimulants. La mentalité du laisser-faire s’est installée et la perspective du développement planifié s’est estompée. On s’est mis trop facilement sur le « pilote automatique » ! Il nous faut maintenant et rapidement réagir par innovation.
Peu importe ce que nous déciderons, nous aurons besoin au préalable de discuter de différents models d’organisations et d’orientations potentielles à partir desquelles le radioamateurisme pourra le mieux se développer. Nous devons nous donner un fort leadership. Nous devons agir maintenant. Discuter en forum. Du choc des idées résultera une forme de confrontation… salutaire. Le silence sera rompu. Aussi longtemps que nous nous attacherons à défendre des idées nouvelles et constructives, chaque discussion contribuera au mieux être futur du radioamateurisme.
Claude Lalande, VE2LCF